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Saphir, Lutza: Famille d'accueil
6 juillet 2019

La créature

Je l’ai entendue un soir, j’étais toute nouvellement arrivée dans cette ville.

Les bruits de la nuit m’étaient encore inconnus, les oiseaux de mer et leurs cris  me changeait des bruits de fêtes de mon quartier parisien. Seules les sirènes hurlantes restaient les mêmes, ici comme ailleurs.

Mais ce qui me réveilla complètement de mon sommeil déjà agité, ce fut un son plaintif et rauque, complètement inconnu et non identifiable. J’ai regardé dehors mais n’ait rien aperçu.

 

Le lendemain soir, le même son me réveilla. Je me levais précipitamment, et enfin l’aperçu. Une ombre furtive qui s’enfuyait sur les toits. Gris sur noir, je me demandais si je n’étais pas encore en plein rêve. L’ombre était belle, élancée et élégante… Le doute était permis.

Vinrent quelques jours, ou plutôt quelques nuits de quiétude. Plus de bruit rauque, plus de silhouette sombre. Je crus ne jamais revoir cette ombre fantasmagorique.

Puis vint une nuit où le son fendit à nouveau le silence. L’obscurité ne me laissait entrevoir qu’une silhouette indistincte. Mais celle-ci se rapprocha et je pus enfin distinguer ses traits. Encore plus beau que je ne l’imaginais, des  yeux jaunes dorés à couper le souffle. Il vint jusqu’à ma fenêtre, je pus presque le toucher. J’esquissai alors un geste, et de nouveau il s’enfuit.

Je le guettais maintenant tous les soirs, mon rendez-vous de minuit. Il m’obsédait et je l’attendais avec impatience. Je l’amadouais petit à petit, sans jamais pouvoir le toucher. Cela dura des nuits et des nuits…

Et en définitive, vint enfin la nuit victorieuse.

Il escalada courageusement la fenêtre de chez moi. Il était enfin à l’intérieur, presque à ma merci. Je jubilais !

Il me regarda pourtant avec toute la majesté et la suffisance dont pouvait faire preuve son espèce. Il ouvrit la gueule pour émettre ce son guttural, me laissant entrevoir ses canines affutées. Ce fut la dernière fois que j’entendis ce son si unique. Il s’avança tranquillement jusqu’à moi et me salua sans plus aucune crainte. Il était magnifique, sa robe grise irisée de roux, ses longues jambes, son pas assuré malgré sa maigreur…

 Il ouvrit de nouveau la gueule mais ce fut pour émettre un son complètement différent, le timbre devint doux et aigue, suivi d’un ronronnement doux.

Le chat avait choisi sa maison.

 

Illustration: Fusain, cette histoire est celle de notre rencontre.

 

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